- Vous avez un nouveau message:
- Détails du message:
- Nom L… V…
- Sujet "Deuxième chance"
- Message Bonjour Mr Meunier. Nous nous sommes rencontrés au salon du livre de La Saussaye au mois de mars. Je garde un très bon souvenir de notre rencontre. A vous écouter je serais bien partie avec tous vos livres. J'ai d'ailleurs beaucoup hésité avant de n'en prendre qu'un !! Et Je viens de finir "Deuxième chance" ... un vrai bonheur. J'ai adoré ... l'histoire, les "rebondissements", la démarche et la quête finale de Benjamin, personnage très attachant. C'est un roman étonnant, émouvant et captivant jusqu'à la dernière ligne. Votre écriture est magnifique, fluide et très agréable. Un sublime moment de lecture ... ça donne vraiment envie de vous lire à nouveau !! ce que je vais faire très rapidement... Merci pour ce beau moment ... Amicalement ...
- Envoyé le: 3 May, 2015
Canal Police, de Benoît Gallerey, vu par Romainbgb
Ce mois-ci, les impressions d’un nouveau roman fraîchement sorti : Jamais plus, de Laure Arbogast.
Jamais plus, c’est le nom français d’une chanson,Nevermore, qui nous évoque le célèbre poème d’Edgar A. Poe. Voici un extrait de ce roman, que l’on peut trouver via le lien au bas de cet article :
Jamais plus, c’est le nom français d’une chanson,Nevermore, qui nous évoque le célèbre poème d’Edgar A. Poe. Voici un extrait de ce roman, que l’on peut trouver via le lien au bas de cet article :
« MÉMOIRES
Je dédie ces quelques lignes à moi-même.
S. Ollivier
Plût au ciel que le lecteur trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison.
Il n’est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger.
Mais avant de vous inviter dans mon univers déjanté, permettez-moi d’abord de me présenter :
Syd Ollivier, comte de Toulon, enchanté.
Né le 27 août 2000 àBrocéliande Paris (version officielle).
Né d’une bouteille de trop vidée la nuit du passage au nouveau millénaire (version officieuse).
Âge : 13 ans.
Ville où je (sé)vis : Pandémonium Sanary (Toulon), petite ville du bord de mer éclaboussée de soleil au parfum de Californie, paradis des palmiers et des surfeurs.
Père : artiste maudit. Du moins, c’est ce que je croyais jusqu’à une date récente. J’ai maintenant tendance à privilégier la version alcoolique notoire disparu dans la nature quand j’avais six mois.
Mère : à mi-temps. L’autre moitié du temps, Nancy Ollivier, hôtesse de l’air.
Famille : juste ma mère les Privat.
Amis : Stan, Stan, et puis Stan. Et encore Stan. Ah ! j’oubliais : Stan.
Animaux : un vieux chat sauvage noir comme l’Enfer répondant au doux nom de Smith, dont Nancy n’a jamais réussi à se débarrasser en dépit de ses nombreuses tentatives. Ce démon ne semble pas garder rancune au tuyau d’arrosage avec lequel elle l’asperge dès qu’elle l’aperçoit, il revient encore et toujours. Je nourris aussi tous les chats du quartier.
Signe astrologique : vierge. Plus pour longtemps, faites-moi confiance.
Signe chinois : dragon. Principal atout : la chance, surtout pour les autres. C’est le signe le plus puissant. Évidemment.
Cheveux : en fonction des saisons. Actuellement, blond platine.
Yeux : bleus. Du moins jusqu’à ce que je change mes lentilles.
Taille : 1,49 mètre c’est là où le bât blesse. Mais je suis beau gosse, ça compense.
Qualités : toutes. Défauts : aucun.
Je suis à la fois bénit et maudit par mon manque de timidité.
Ne me demandez pas quel jour on est, quel temps il fait, à quelle heure j’ai rendez-vous : je n’en ai pas la moindre idée.
La partie de moi que je préfère : Stan, probablement.
Surnoms : « Syd, le Roi des Propos Acides ». Ou encore : « Le Roi de la Castagne ».
Et mon préféré : « Le Roi des Elfes ». Il paraît que mon nom de famille vient de l’olivier, le roi des arbres, symbole de tout un tas de trucs : la sagesse (mais oui), la paix universelle (bof), la victoire (évidemment), sans oublier la longévité. Je vivrai vieux, c’est sûr. Merci chère mère.
Autre théorie encore plus alléchante : mon destin est d’entrer dans le club très fermé des Immortels de l’Académie Française (la consécration ultime), dont le célèbre habit vert est brodé de rameaux d’olivier (en plus il y a une cape et une épée, la classe !).
Livres préférés : Les Fleurs du mal, de Baudelaire, L’Histoire sans fin, de Michael Ende.
Films préférés : Star Wars IV à VI, Retour vers le futur, Le Seigneur des anneaux (que des trilogies, pourquoi ?).
Religion : Lautréamont.
Régime alimentaire : pizzavore.
Boisson préférée : Jack Daniel’s.
Passions : les fringues et l’art sous toutes ses formes.
Matière préférée : le français.
Matières détestées : toutes les autres. Le sport et moi n’avons jamais trouvé de terrain d’entente.
Passe-temps : lire ; écrire à la tombée de la nuit et au lever du jour ; regarder les étoiles (le spectacle est gratuit) ; regarder pousser l’herbe ; en faire pousser.
Professions : kleptomane, furieux fêtard couche-tard lève-tard, vendeur de rêve et fouteur de bordel notoire.
Activités annexes : diverses et variées. Dernières en date : vendeur de pop-corn au cinéma municipal, nettoyeur de tombes, gardien de barrière au parking de Sanary, vendeur de journaux, collégien (quatrième), dame-pipi.
Devise : osons prendre nos rêves pour la réalité.
Ambition : devenir le plus grand des poètes après Rimbaud. Et surtout : conquérir l’Amérique. »
Amis lecteurs, sachez que l’on nous trompe. Le résumé nous trompe, les extraits offerts nous trompent. Non, ce n’est pas simplement l’histoire d’un gosse trop insolent pour son âge, trop rebelle pour son âge, trop cultivé pour son âge, soit 13 ans. Non, ce n’est pas non plus l’aventure énergique de cet ado anachronique et punk, à qui il arrive des choses trop improbables pour être vraies même avec une dose incroyable de chance et de culot, à savoir son groupe de rock, sa vie de junkie à 15 ans, le tout mêlé à de nombreuses références qui sonnent un peu trop littérature, un peu trop cliché. En ouvrant le livre, tout se dissout lentement au fil de la lecture : les étranges manières du narrateur, les affirmations semblant quelque peu incohérentes, même l’idée du personnage de Syd, qui ne fait, je le maintiens, pas son âge. En réalité, nous n’avons pas seulement affaire qu’au journal de ce dernier, mais aussi à celui d’un autre personnage, Gabriel, une petite dizaine d’années plus tard. Et notre vision change du tout au tout.
Tous deux nous racontent leurs histoires, directement, dialogues inclus, mais celles-ci ne sont pas détachées. En effet, Gabriel reçoit pour mission de reconstituer le journal de Syd, ancienne étoile noire de la musique morte à 18 ans, dans le but de le publier pour que tous connaissent son histoire. Des personnages s’y croisent, des similitudes apparaissent, 4 ans séparent la mort de Syd et le début du journal de Gabriel. Les blessures sont encore fraîches, les anciens amis du premier vivent encore avec son souvenir et le second baigne dans cette atmosphère passée. Mais rien n’est triste, tout tangue, l’histoire de Syd qui est à son image, révoltée, insolente, contamine l’autre vie, l’envahit jusque dans la répartition des chapitres, ou elle prend de plus en plus d’espace et d’importance. On est pris dans un tourbillon de folie, de musique, aux multiples références littéraires teintées de fumée de joints, au goût âcre de cigarette et d’alcool, où se croisent Rimbaud, Baudelaire, Lautréamont, et tant d’autres. Car Syd écrit. Des poèmes, son journal, mais pas seulement. Il continue par des chansons, mais pas seulement. Il dessine un peu, se déguise aussi, et voudrait être poète. Maudit, de préférence. Et il est extrêmement cultivé. Aucune page n’est épargnée, il y aura toujours des références, des empreintes d’illustres groupes musicaux, de films mythiques, souvent expliqués par les bienvenues notes à la fin du livre. Tenez, son propre prénom, Syd. En hommage à Sid Vicious, et aussi un peu au premier chanteur des Pink Floyd. L’auteur s’en amuse, dissémine même quelques clins d’œil au lecteur connaissant un tant soit peu sa propre biographie.
Mais à cet étrange mélange hors genre se mêle un peu de superstition mystique, autour d’une guitare, d’une boutique d’antiquités, et quelques descriptions de villes françaises. On oscille entre réalisme et fiction rêveuse au sujet d’un monde révolté qui a existé mais fortement décliné, sinon disparu, depuis quelques dizaines d’années. L’impression est quelque peu étrange mais on en est imprégné, immergé totalement parmi les drogues de plus en plus dures, le rythme changeant et la musique, la musique qui nous envahit sans pourtant qu’on n’y connaisse goutte, à ces monstres de punk ou de rock. L’humour et le cynisme se succèdent, et chaque chapitre se termine d’une manière sublime par un mot, une phrase, quelque chose qui va vous couper le souffle. Ça surprend, à chaque fois, les lignes bien découpées nous rendent délicieusement impatient, à chaque fin de chapitre une bombe. Les personnages sont intéressants, surtout les principaux, évidemment, hantés quelque peu par des démons dont ils n’arrivent pas à se défaire, mais toujours sur le fil, continuant d’avancer. Les liens se font, se défont, en une explosion permanente de surprises, de bons mots, on y croit. « Tout ce dont j’ai envie c’est de tomber dans les bras de Morphée […]. Je tombe dans les bras de la Morphine. » et autres « Si un jour il pleut de la soupe tu seras le seul avec une fourchette. » amusent et côtoient tant d’autres trouvailles.
Et ce qui est beau, c’est que malgré le caractère bancal, profondément encrassé de désillusion de Syd, jamais il ne tourne à la médiocrité. Il se montre comme il est, décrivant sa vie de junkie qui finit par l’ennuyer, souvent conscient de devenir une loque à même pas 18 ans. Sa manière de faire des fiches décrivant ses amis qui gravitent autour de lui est agréable aussi, sa manie de voler un peu tout et n’importe quoi, étrange. Mais il nous tient, sa vie est étrange aussi, alors pourquoi pas. Les chansons sont belles, dommage que notre imagination ne puisse se les représenter à l’oreille, prenons-les comme des poèmes. Oublions le reste et laissons son culot tout emporter. On vit une belle aventure, rock’n'roll, à l’américaine ou à l’anglaise, et pourtant en France, en traversant Arles, le Sud de la France, au gré des tournées, jusqu’à Honk-Hong ou au Japon.
Jamais plus m’a laissé une forte impression. J’abandonne le rôle de critique presque objective, ai-je le droit ? Je me suis nourrie dans ma courte vie de contes merveilleux résolument séparés du réel, de récits fantastiques en équilibre et d’histoires désabusées ancrées dans la vraie vie. Mais Jamais plus est singulier : des personnages comme Syd, on ne s’attend plus à en trouver, des chanteurs maudits et belliqueux, poètes dans l’âme et jamais brisés. Attachés à leur rêve de triomphe artistique et leur machine à écrire. Des guitares mythiques et des symboles de grands groupes musicaux voués à l’adoration éternelle. La provocation selon Rimbaud. Et pourtant, punk is not dead and rock will never die. L’esprit se perpétue, l’attente des fans de Camden Town est tremblante. Et Syd Camden apparaît, crache ses failles sur la scène, déchaîne la foule, attire l’attention et éveille l’intérêt. Son histoire, elle est en marge, et elle est efficace. Elle envoûte.
Alors si ce qui précède vous tente, si vous avez envie d’autre chose que ce qui vous entoure, allez-y. Procurez-vous ce livre, lisez-le, vibrez.
Parce qu’une époque est peut-être morte, mais l’esprit est toujours là.
The show must go on.
Ici, le blog de l’auteur : http://laurearbogast.blogspot.fr/p/jamais-plus.html
Pour y trouver toute information relative à ses deux romans, sa vie publique, et même la contacter directement, ouah !
Trois minutes pour convaincre !
Après L'Arracheur de temps, je me suis plongé dans le dernier-né de Roland Rossero, Allée simple. Un roman qui ressemble à son auteur qui joue à merveille de tous les ressorts que son art de l'écriture nous a révélés au fil de son œuvre.
L’histoire peut se ranger, pour sa majeure partie, sous la rubrique "Science-fiction" ou "Fantastique" pour atteindre une autre dimension en nous montrant que nous avions eu tort de nous contenter de ce label trompeur. Et en effet, par l’ une de ses pirouettes coutumières (et qu’ il manie avec une quasi-perfection), l'auteur soudain nous ramène sur terre en un épilogue aussi époustouflant qu’inattendu. Et dans ce roman qui nous happe dès qu'on y a mis l'œil (le second n'étant pas un luxe) et ne nous lâche plus, rien n'est de trop, rien ne manque.
Je ne dirai que quelques mots sur le fond qui est délicieusement vertigineux, où tout se déroule selon une très rigoureuse logique, où les personnages sont terriblement attachants et où les péripéties s'enchaînent, découlent naturellement les unes des autres... unevraie belle histoire, celle d’Angela Bell, la belle, et de Christophe - Christopher Auffin - O' Fène... mais aussi de Nyrée, Christopher et Hina... histoire d'un amour absolu, d'aucuns diraient immarcescible sans crainte d'être taxés d'exagération.
Roman de la raison et des déraisons qui transporte, dépayse, conduit sans cesse aux limites du rationnel, faisant "plane " le lecteur avide d'aller plus avant, sachant qu'ainsi il atteindra trop vite ce sentiment de tristesse profonde au moment de quitter un ami cher lorsque l'épilogue sera là.
La construction est elle-même très originale et elle convient admirablement au propos. Mais en même temps que nos neurones se divertissent, ils apprennent beaucoup "grâce à la grâce" de la si bienveillante et amicale érudition de l'auteur qui truffe le récit de détails historiques, géographiques, cinématographiques, littéraires et autre. Une balade enrichissante dans un bain d'humour omniprésent. L'art de manipuler les mots est une cerise supplémentaire couronnant chaque chapitre aux titres judicieux, chaque flash, chaque page d'un journal intime ou d'un carnet de voyage... un festin de cerises ! Sans parler de nombreuses connotations qui montrent l'attachement de l'auteur à un humanisme terriblement malmené de nos jours. Ce livre est "Roland Rossero" qui nous dit page 126 : "Au fond de toi, tu sais très bien que tout ce que tu as écrit et écriras n'est qu'un autoportrait détourné."
Vous dire que j' ai adoré ce livre ? Est-ce bien utile, voire raisonnable ?
Merci, Roland ! Et zut pour les trois minutes/chrono !
Alain, lecteur du comité du livre de la bibliothèque Bernheim, à Nouméa, avec toute son admiration et son amitié.
La peur de Lou, Gilles Bontoux
Le père de Lou a décidé de rejoindre son compagnon dans une station de sport d'hiver. Tous les deux prennent la route ; le trajet sera source de peur – première thématique de ce livre – et sera aussi l'occasion pour la petite fille de dire, dans la justesse des mots de l'enfance, son rapport à son beau-père, Dav.
« Et c'est là qu'il m'a dit : Tu devrais essayer de dormir dans la voiture. Dav a un appartement à la neige pour ce week-end. On y va ! Mais on n'est pas encore arrivés ! C'est à Megève... Dav, c'est le copain de Papa. Et c'est aussi une sorte de papa pour moi. Entre lui, mon beau-père, qui est le nouveau compagnon de ma mère, et mon Papa à moi, J'ai trois papas ! Pour la fête des pères, ça me donne pas mal de travail, pour les cadeaux ! On passe presque tous nos week-ends ensemble, chez Dav, et je l'aime bien. Il est gentil. J'aime bien faire un câlin avec lui, le soir, quand on regarde la télé, tous les deux. Papa, il est toujours en train de bouger. Alors, pour me reposer, je me mets dans les bras de Dav. Je suis bien. »
Le voyage vécu par Lou s'est-il réellement passé comme elle le raconte ?
Cet album, au-delà de la simplicité de son histoire, veut-il suggérer le chemin particulier qui conduit un enfant interrogateur et opiniâtre à chercher dans son imaginaire sa sauvegarde ?
■ Album illustré par Axelréza Tabatabaï, Editions Noir au blanc, 45 pages, 22 septembre 2012, ISBN : 979-1090635074
Jean-Yves Alt, sur culture-et-debats.over-blog.com
LOU Y ES-TU ?, POUR LES PETITS
La peur de Lou, de Gilles Bontoux & Axelréza Tabatabaï
ÉDITIONS NOIR AU BLANC, 2012, 46 P., 18 €.
mardi 14 décembre 2010, par
Un nouvel album jeunesse sur le thème de la parentalité gay. Si les illustrations sont on ne peut plus simples et enfantines, l’originalité du texte est qu’il semble basé sur une expérience vécue de divorce sans résidence alternée. La place de la mère et du père sont respectées, mais de quelle peur est-il question ?
Résumé
Le père (peut-être écho de l’expérience de l’auteur, puisque le livre est dédié « à Lou, évidemment » ?) récupère sa fillette pour un week-end sur deux, et celle-ci semble apprécier autant la présence du petit-ami de son père, Dav, que celle du compagnon de sa mère. La fillette s’endort en voiture car le chemin est long vers l’appartement alpin que Dav a réservé. On se perd, la fillette essaie d’aider son père à trouver le chemin, mais la nuit arrive, c’est la panne, et quels sont ces hurlements de bête à l’extérieur de la voiture ?
Mon avis
Ce n’est pas le coup de la panne, mais le coup du rêve qu’on nous fait, puisque la fillette se réveille au soleil de juin et de l’amour de son père et de son beau-père. L’enfant lecteur et ses parents pourront jouer au psychanalyste en herbe avec ce rêve de neige et de bête poilue. Et puis ce prénom qui permet l’inversion et la polysémie, avec la préposition « de », du registre de la peur : « la peur de Lou ». Les sentiments du père ne sont jamais exhibés, bien sûr, mais on sent quelque décalage et quelque vive fêlure entre tant amour et ces rares week-ends qui permettent de se retrouver. La maman est nommée dès la première phrase du livre, mais une seule fois…
Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».
Emprises de tête
Aux éditions « Noir au Blanc », Claudine Jacques publie le texte d’une pièce en un acte : « Ataï et moi ! ». Une rencontre symbolique entre colonisateur et colonisé où chacun va chercher à conforter son emprise sur l’autre. Duel/duo à travers le temps…
Instigateur de l’insurrection de 1878 contre le colonisateur français, Ataï, grand chef kanak de Komalé, est un personnage historique reconnu depuis quelques années. Pour reprendre une expression à la mode, on pourrait même dire qu’il « crée le buzz ». La jeunesse kanak, notamment, en a fait son icône et son emblématique tête de guerrier fleurit sur les T-shirts. Tué par un de ses frères, auxiliaire des troupes françaises, il fut décapité et sa tête, montrée dans un premier temps à Nouméa. Puis, elle a atterri en Métropole où, récemment, son crâne, déclaré un temps officiellement perdu, a été redécouvert au Jardin des Plantes (réserve temporaire du Musée de l’Homme lors de travaux de rénovation). Symbole de revendication d’une grandeur perdue, cette tête a déjà fait l’objet de plusieurs fictions : dans le roman/BD « Le sentier des hommes » de Jar et Bernard Berger, ainsi que dans le roman de Didier Daeninckx « Le Retour d'Ataï ». Claudine Jacques la porte sur le devant de la scène, si l’on ose dire, avec cette courte pièce à deux personnages.
La surprise du chef
L’auteure a imaginé la célèbre relique revenant trôner dans un Musée nouméen. Là, à l’aide d’un argument fantastique ou d’un paradoxe temporel, un duo, voire un duel verbal, se tisse entre une jeune femme blanche, ayant donné rendez-vous à un prétendant, et la tête d’Ataï qui revient à la vie. Après avoir fait débats, cette tête fait des hauts. Très étonné de ses sens de la vue et de l’ouie retrouvés, Ataï va s’apercevoir rapidement de son manque de corps, de son inertie et d’une possibilité de retour à la réalité. Terrifiée dans un premier temps, puis acceptant l’inexplicable, la jeune femme, attendant un Godot qui ne viendra pas, va dialoguer avec le chef du chef. Un humour doublement décalé naît de ce duel qui va se transformer en duo. Le théâtre peut tout, c’est-à-dire mêler le passé glorieux et cruel du guerrier au présent (une manif dans la rue pour des retraites décentes) et à l’avenir, réconciliant deux symboles diamétralement opposés. Ataï représente le peuple amputé qui renaît peu à peu par la force de son esprit et la jeune femme moderne est une possibilité de métissage spirituel, d’union inéluctable qui ne peut venir de l’extérieur (son fameux rendez-vous). Les dialogues sont faits de répliques courtes, rythmant le ping-pong « moucheté », et souvent cocasses. Claudine Jacques n’élude ni le négatif de ses personnages, ni les qualités, ni les contradictions. Le lecteur pourra mettre entre les lignes une multitude de correspondances historiques, de problématiques liées au destin commun et, aussi, beaucoup d’espoir… Il n’est pas question, ici, de raconter la fin, ce sera la surprise… du chef ! Signalons également qu’une troupe du cru a été approchée pour représenter cette pièce sur une scène locale, dans le courant de l’année. Des dates qu’il faudra assurément garder en tête !
Rolross
Les Infos du 10/02/2012
Chers amis, la mise en scène de Max Darcis est extraordinaire. L'émotion est présente à chaque instant. Delphine Mahieu est excellente dans le rôle. Un beau moment de théâtre, de partage et d'amitié. Merci aux amis qui sont venus soutenir la pièce, merci à tous. Une remerciement particulier à Monsieur Tikouré, descendant d'Ataï, venu avec ses deux petites filles.
Pour ceux qui voudraient voir Ataï et moi, deux représentations supplémentaires les jeudi 11 octobre à 20 h 00 et samedi 13 octobre à 19 h 00. Je serai au TDI les 2 soirs. Venez, on vous attend !
De Roland Rossero : Pilou face
Après avoir été une publication des éditions Noir au Blanc, « Ataï et moi ! » a été représentée sur les planches du Théâtre de l’Île dans le cadre des « Écrits d’ici ». La compagnie Aléthéïa de Max Darcis a mis en scène cette pièce en un acte, due à la plume de Claudine jacques. Une vraie rencontre symbolique entre colonisateur et colonisé afin que la culture kanak ne reste pas confinée dans les musées. Tête à tête…
Instigateur de l’insurrection de 1878 contre le colonisateur français, Ataï, grand chef kanak de Komalé, est un personnage historique reconnu depuis quelques années. La jeunesse kanak, notamment, en a fait son icône et son emblématique tête de guerrier fleurit sur les T-shirts, à l’instar de Che Guevara et Bob Marley. Tué par un de ses frères, auxiliaire des troupes françaises, il fut décapité et sa tête, montrée d’abord à Nouméa, a atterri en Métropole où, récemment, son crâne, déclaré un temps officiellement perdu, a été redécouvert au Jardin des Plantes. Claudine Jacques porte sur le devant de la scène ce symbole de revendication d’une grandeur perdue, tout en humanisant le personnage, en lui donnant une épaisseur que résumé et caricature avaient réduite – comme sa tête. Alors que certains ont tendance à noircir le tableau du destin commun, le texte veut éclairer les jeunes générations en s’appuyant sur l’histoire. Et son message humaniste d’une possible compréhension mutuelle passe par le dialogue entre deux personnages que les époques et la pensée éloignent aux antipodes… La culture du pays ne doit pas rester confinée dans un musée, il faut s’y frotter de manière concrète, ne pas rester muets l’un devant l’autre.
Têtu – 8 janvier 2012
AU RAYON LIVRES :
Rimbaud-Verlaine, de jeunes gays découvrent l'amour...
Par Bertrand
Deckers dimanche 08 janvier 2012, à 09h27 | 6111 vues
Ce mois-ci, au rayon livres: le retour de
Rimbaud et Verlaine,
une incursion sur le plateau de Cinécittà et les premières
expériences homos
d’une gueule d’ange montée comme un Dieu.
ABSINTHE
Gare de l'Est. Verlaine attend Rimbaud. Chaque soir,
grisé, titubant, le poète observe les voyageurs descendre du train de
Charleville. Troublé par la lettre et le talent des deux poèmes reçus quelques
semaines plus tôt, Paul sait qu'il le reconnaitra. Le jeune homme qui débarque
s’appelle Arthur. Il a 17 ans. Très vite, Verlaine joue les guides, lui fait
découvrir la capitale, le Café de Flore, les cercles littéraires… Déjà, la
passion des corps fait place à de vrais sentiments. Entre le poète et le jeune
novice, l’histoire d’amour s’annonce passionnelle, dangereuse. Avec la fougue
de ses 20 ans, Arthur ne peut supporter l’idée que son amant soit marié. En
réalité, il ne peut supporter grand-chose. Le jeune homme rejette tout: Paris
et ses mondanités, sa bourgeoisie, les amis, les parents, les relations de son
mentor. Seule l’absinthe trouve grâce à ses yeux. L’absinthe, un concentré de
magie! Perdus dans des vapeurs d’alcool, enfin les deux hommes communiquent,
parlent de poésies, de voyages, de politiques, d’amour aussi. Mais… à la nuit
tombée, Verlaine part retrouver sa femme, la belle Mathilde. Arthur, lui, jette
sa colère sur papier. Il noircit des dizaines, des centaines de pages, trempe
sa plume dans l’encre de la révolte. Ses écrits prennent la couleur de
l’anarchie. La quête d’Arthur? Bousculer l’ordre établi, faire tomber le
romantisme. Sa poésie ira à l’encontre de tous les autres courants. Adieux
alexandrins, rythmes et rimes. L’idylle Rimbaud/Verlaine ne fait que commencer.
Les ennuis aussi! Pour s’aimer, les deux hommes prennent le chemin de l’exil. À
Bruxelles, 3 coups de feu éclatent dans l’air. L’histoire est pourtant loin
d’être finie…
C'est en écoutant les chansons de Léo Ferré que Gilles
Bontoux à découvert Rimbaud et Verlaine. Il a écrit ce roman parce qu’il
«voulait le lire et ne le pouvait pas. Il n'avait pas été écrit.» Qu’il soit
remercié ici de nous entrainer dans l'histoire d'amour de deux génies. L’une
des plus belles pages de la poésie !
ABSINTHE,
De Gilles BONTOUX
Éditions : Noir au blanc
160 pages – 15 euros
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire